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treilhard

Le barreau de Paris était à cette époque justement célèbre par l’élégance et la pureté du langage, par la recherche de la haute éloquence comme par la science du droit. Treilhard y conquit une place éminente à côté de Gerbier, Tronchet, Camus, Bigot de Préameneu, Henrion de Pansey, etc. Infatigable au travail, doué d’une intelligence claire, d’un esprit délié et d’une grande vigueur de dialectique, il était sans égal dans les questions d’affaires. Il comptait dans sa clientèle les plus illustres familles de France, le haut clergé, la Ferme générale, et nous trouvons son nom dans la plupart des causes importantes dont les annales judiciaires ont recueilli le souvenir. En même temps, il était inspecteur général du domaine de la Couronne, et, à ce titre, membre du Conseil d’Etat, où toutes les grandes questions administratives passaient sous ses yeux.

Tous ces travaux ne suffisaient pas à son activité ; il fut encore l’un des collaborateurs de Guyot pour la rédaction d’un Traité dans lequel l’auteur du Répertoire, assisté des plus célèbres jurisconsultes de l’époque, résumait. comme pour en conserver le souvenir au moment où la Révolution allait les abolir, les droits, fonctions, franchises, exemptions, prérogatives et privilèges annexés en France à chaque dignité, à chaque office, à chaque état, soit civil, soit militaire, soit ecclésiastique[1].

  1. Treilhard était investi lui-même d’une de ces dignités ;