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le charme de l’histoire

de Saint-Vincent-de-Paul de la reconnaître comme établissement d’utilité publique. Cette faveur aurait assuré à la Société de grands avantages : le droit de devenir propriétaire sans avoir besoin de recourir à un prête-nom, de placer ses fonds en son nom, d’ester en justice ; le droit de revendiquer devant les tribunaux la délivrance des legs nombreux qui lui étaient adressés, et dont, à défaut de personnalité légale, elle était obligée d’attendre le paiement de la bonne volonté souvent peu empressée des héritiers. Mais d’autre part, la reconnaissance impliquait le contrôle de l’administration. Elle aurait placé la Société sous la tutelle des pouvoirs publics, l’aurait obligée à rendre des comptes, à demander des autorisations, etc. Elle aurait, en un mot, fait disparaître l’indépendance dont la Société avait joui jusqu’alors. La Société de Saint-Vincent-de-Paul, redoutant l’avenir et ne se souciant pas d’aliéner sa liberté d’action, refusa la faveur qui lui était offerte.

Par une coïncidence singulière, ce fut à ce même moment que le maréchal Magnan sollicita pour la Franc-Maçonnerie, que d’ailleurs il n’avait pas consultée, précisément cette attache officielle que déclinait la Société Catholique.

M. de Persigny, ministre de l’Intérieur, saisit avec empressement l’occasion de faire ressortir le contraste entre le bon esprit que témoignait la Maçonnerie et l’esprit d’opposition ou de défiance