Quand j’eus terminé mon rapport, M. Baroche annonça, à ma grande surprise, que la délibération serait remise à une autre séance. Je pensai d’abord qu’il ajournait la discussion par égard pour plusieurs membres du Conseil, tels que MM. Cornudet et Flandin, qui, absents à cause des vacances de Pâques, avaient exprimé le désir que l’on attendit leur retour. Mais alors pourquoi m’avait-il donné la parole ? Il eût été plus naturel et plus conforme aux habitudes du Conseil d’ajourner aussi le rapport, afin que, conformément à l’usage, le rapport fût suivi immédiatement de la discussion. Je me demandai plus tard s’il n’y avait pas eu, en dehors de ce motif apparent, quelque autre raison que j’ignorais, qui aurait surgi pendant la séance même. Je m’étais aperçu, en effet, qu’à un certain moment, une émotion inaccoutumée, dont mon rapport n’était certainement pas la cause, agitait autour du président quelques membres du Conseil. Toujours est-il que le projet de décret figura pendant plusieurs semaines à l’ordre du jour, puis tout-à-coup en disparut sans explication officielle ; j’appris ainsi qu’il était retiré.
Quel fut le véritable motif de ce revirement dans les vues du gouvernement ? Aujourd’hui encore je ne le connais pas avec certitude, et j’en suis réduit à des conjectures. Le gouvernement s’aperçut-il que l’impression générale du Conseil lui était défa-