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le charme de l’histoire

longtemps ignorés et successivement découverts en Espagne, en France, en Belgique, en Hollande, en Angleterre, en Italie et même en Russie, ont jeté depuis quelques années un jour tout nouveau sur les règnes de Charles-Quint et de Philippe II. Les historiens et les érudits se sont emparés de cette mine féconde ; M. Henry Forneron, notamment, dans son Histoire de Philippe II, y a puisé largement, et déjà bien des légendes ont été détruites, bien des points obscurs ont été élucidés. On est éclairé maintenant sur la prétendue folie de Jeanne la Folle, cette malheureuse reine que, pendant 49 ans, son père, puis son fils, ont tenue enfermée dans une sombre tour, pour qu’elle ne pût faire valoir ses droits à la couronne de Castille, du chef de sa mère Isabelle. La volumineuse collection des Papiers d’État de Granvelle, la correspondance de Philippe Il, celle de Marguerite d’Autriche, celle de Guillaume le Taciturne, les relations si curieuses et si complètes des Ambassadeurs Vénitiens ont permis à M. Wiesener de retrouver également la vérité sur le rôle du Cardinal dans les Pays-Bas. Voyons, à la lumière de ces révélations nouvelles, quel Jugement définitif doit être porté sur cet homme d’État, et si l’histoire a complètement tort contre lui.

Lorsque Charles-Quint, fatigué de la vie plus encore que du pouvoir, résolut de remettre à son