par « certain esprit de liberté », vont loin du lieu de leur naissance « chercher fortune ». Ce sont deux chèvres,
Toutes deux tombèrent dans l’eau, »
Et le fabuliste ajoute :
Dans le chemin de la fortune, »
Il ne veut nullement nous faire entendre que ses deux héroïnes prétendaient s’enrichir, ni que ce soit sur le chemin des écus que l’on se casse le cou.
Lorsqu’il nous dit, dans Philémon et Baucis « que la fortune vend ce qu’on croit qu’elle donne », il a soin de nous avertir qu’il parle, non seulement de l’or, mais de la grandeur ; et certainement, de « ces deux divinités », la première n’est pas la plus importante à ses yeux. Ce u’est pas aux traitants ou aux partisans qu’il oppose les humbles héros de son poème ; c’est, il nous le dit formellement, aux « favoris des Rois ». Il pense comme La Rochefoucauld, et il parle la même langue.
La Bruyère, il est vrai, donne souvent au mot fortune le sens de richesse. Mais son exemple, explicable d’ailleurs par diverses circonstances sur lesquelles nous reviendrons plus tard, prouve uniquement que le mot pouvait avoir alors, comme aujourd’hui, deux acceptions. Seulement il y en