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la taxe des pauvres à abbeville

giale, payaient des taxes proportionnées à leur richesse. L’ensemble du rôle se montait, pour chaque semaine, à 120 livres deux sous quatre deniers, et pour l’année entière, à 6.340 livres quatre deniers, somme qui, évaluée au cours moyen du règne d’Henri III, équivalait à 22.910 francs de notre monnaie.

Nous n’avons pas besoin d’insister sur l’intérêt tout particulier que la notice de M. de Brandt présente pour les habitants d’Abbeville. Mais, en dehors même de la localité, elle peut fournir des enseignements utiles. Elle nous montre quelles conditions accompagnaient alors la taxe des pauvres ; elle nous fait entrevoir quelques-uns des effets qui l’ont suivie. Aujourd’hui que s’agite la question de l’assistance obligatoire, qui, à certains égards, se rapproche de la taxe des pauvres, il est bon de se rendre compte de ce que ce système a produit dans le passé.

Du moment qu’une taxe obligatoire était établie sur les habitants pour nourrir les pauvres de la ville, il fallait, avant tout, garantir aux contribuables que le produit de l’impôt qu’on exigeait d’eux profiterait exclusivement à leurs concitoyens. Tel était d’ailleurs le principe général sur lequel reposait depuis longtemps la législation en matière d’assistance : chaque commune devait nourrir ses pauvres, et il était défendu aux pauvres d’implorer