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le charme de l’histoire

la charité en dehors de leur commune ; la mendicité était punie des peines les plus sévères, le fouet, la prison, le pilori, la marque au front, la mutilation des oreilles, le bannissement[1]. Aussitôt que le bureau des pauvres eut été constitué, une ordonnance de police municipale prescrivit « à toute personne, de quelqu’âge, qualité et condition qu’elle pût être, réfugiée à Abbeville et n’y ayant aucun moyen de gagner sa vie, sinon avec mendicité, oisiveté, bellisterie et invaliderie, d’avoir » à partir dans les trois jours sous peine du fouet ». Peu après, cette prescription fut étendue même aux personnes réfugiées dans la ville depuis deux ans. Ce premier point réglé et les étrangers sortis, il fallait veiller à ce que, ni ceux qui auraient été expulsés, ni d’autres, ne pussent rentrer. Les gardiens des portes reçurent l’ordre, sous peine d’être eux-mêmes frappés d’amende arbitraire, de refuser l’entrée de la ville à quiconque ne justifierait pas de moyens d’existence. Une exception pourtant fut faite par humanité, en faveur de ceux qui ne pourraient aller commodément par une autre route à leur destination, et qui promettaient de ne pas séjourner à Abbeville plus d’une nuit. M. de Brandt ne nous dit pas si c’était le gardien de la porte qui était

  1. Capitulaire de 806 ; établissements de Saint Louis, 1230 ; ordonnance de Jean-le-Bon, 1350 ; édits ou ordonnances de 1536, 1545, 1558, etc.