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la taxe des pauvres à abbeville

juge des moyens d’existence allégués ou de la difficulté de passer par une autre route.

Voilà donc les pauvres de la ville investis seuls du privilège d’y habiter et d’y recevoir des secours. Pour constater leur qualité, il leur fut prescrit de porter cousue sur leur manche une marque officielle dont M. de Brandt donne le fac-simile. Ces pauvres ne devaient recevoir d’aumône que du bureau. Il fut interdit aux bourgeois, sous peine d’un écu d’amende, de secourir directement les indigents. Là encore, pourtant, une exception dût être faite : quand on pouvait justifier qu’on était parent d’un indigent, on avait la permission de le nourrir et de le loger, même s’il n’était pas originaire de la ville ; seulement il fallait, quoique le défrayant de tout, s’engager à ne pas diminuer ses aumônes aux pauvres de la commune. Ce n’était pas seulement l’aumône individuelle qui était interdite, mais aussi, fait remarquable à cette époque, l’aumône aux ordres religieux.

La plus grande difficulté ne consista pas à empêcher les habitants de faire des dons à des indigents autres que ceux qui étaient pourvus de l’estampille municipale. Les procès-verbaux recueillis par M. de Brandt constatent, d’une part, que la taxe était difficilement perçue ; d’autre part, qu’elle avait tari la source des aumônes volontaires. Ainsi le prieuré de Saint-Pierre « représenta qu’avant l’établisse-