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le charme de l’histoire

La taxe des pauvres n’avait jamais donné les résultats que l’on en attendait. Créée pour remédier à la diminution des aumônes volontaires, loin d’atténuer le mal, elle l’aggravait. Elle ne fut jamais acceptée sans protestations. Les mesures coercitives ne réussissaient pas toujours à en assurer le recouvrement. Une grande partie des taxes réclamées pendant la cruelle année 1709 ne furent pas payées, et, en 1716, l’Hôtel-Dieu et l’hôpital général finirent par renoncer à recouvrer les sommes dues.

La taxe des pauvres fut à peu près abandonnée en fait. Les pouvoirs publics cherchèrent enfin à la remplacer par une autre source de revenus, et ils attribuèrent aux pauvres une partie des ressources de l’octroi et le droit sur les spectacles. Ils substituèrent ainsi l’impôt indirect, que le contribuable paie sans s’en apercevoir et sans en connaitre la destination précise, à l’impôt direct, qui a pour effet immédiat et constant de diminuer les dons volontaires ; le contribuable qui a payé la taxe des pauvres se croit, par cela seul, dispensé de toute autre aumône.