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lettres de dubuisson

Juges de paix, et qu’il conserva pendant près de trente ans. Destinées à faire connaitre au marquis de Caumont ces mille événements secondaires qu’un homme du monde « curieux et intelligemment curieux » ne voulait pas ignorer sous peine de devenir étranger à son temps, que l’histoire n’enregistre pas, mais qui l’éclairent, les lettres de Dubuisson ont pour nous l’attrait que pourront avoir pour nos arrière-neveux les Chroniques de nos Journaux et de nos Revues. Les privilégiés de l’érudition, qui ont le droit de n’accorder leur intérêt qu’aux révélations nouvelles, y trouveront, sur tout ce qui touche à la littérature et aux théâtres, quelques détails que ne donnent ni les publications contemporaines, ni les correspondances et les mémoires connus jusqu’à ce jour. Les lecteurs profanes, à qui plaît, même quand ils ont pu déjà le lire ailleurs, tout ce qui est bien écrit, éprouveront sans doute, comme nous, un plaisir réel à se transporter au milieu du Paris d’il y a 150 ans, à le voir revivre dans son esprit, dans ses préjugés, dans ses mœurs si différentes des nôtres. Les lettres de Dubuisson leur apprendront, comme elles l’apprenaient alors au marquis de Caumont au fond de sa province, ce qui se passait, ce qu’on disait à Paris. Ils sauront comment on y jugeait des hommes que nous jugeons tout autrement aujourd’hui ; comment on y appréciait des événements et