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dufort de cheverny

par le chef de l’État ne peuvent nous donner une idée, il termine son récit par ces mots : « Si ces fonctions (celles d’Introducteur des Ambassadeurs) sont magnifiques, elles ne roulent que sur des misères d’étiquette, plus faites pour rétrécir l’esprit que pour l’alimenter » (I. 85).

En 1760, Dufort et le cormte de Charolais n’étaient pas les seuls à rire de l’étiquette ou à la maudire. Toute la famille royale en était, aussi bien que les courtisans, l’esclave résignée, mais ennuyée. Un jour, une dame de semaine auprès de Mme Adélaïde se plaignit de s’habiller et de se déshabiller quatre fois par jour et de n’avoir pas un quart d’heure de liberté ! « Madame, lui répondit la pauvre princesse, vous en êtes quitte pour vous reposer une semaine ; mais moi qui fais ce service toute l’année, permettez que je garde ma pitié pour moi-même » (I. p. 104).

Le personnage à qui l’étiquette pesait le plus était encore le Roi, et peut-être le désir de se reposer de la contrainte qu’elle lui imposait ne fut-elle pas sans influence sur les premières irrégularités de sa conduite. « Il aimait le particulier par goût, dit Dufort, et il sentait que sa place exigeait le contraire. De sorte que dès qu’il pouvait se dérober à la représentation, il descendait chez Mme de Pompadour par un escalier dérobé et y déposait le caractère de Roi» (I. 319). Quelle expression