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sabine

aisément, comme à son propriétaire légitime, l’épithète que Molière a tant prodiguée. Aussi quand il passait dans un salon, les touches d’ivoire du piano chantaient d’elles-mêmes en sourdine :

C’est un mari
C’est un mari,
C’est un mari de Corneville.

Cet inamovible, assurait-on, possédait comme lieu de naissance un petit hameau de Normandie, le village de Barneville dont les clochers ont été maintes fois célébrés. Ce Barnevillois à binocle et Duclamel représentaient donc au mieux les éléments dominants de la magistrature moderne : la fourberie et la cupidité.

On rencontrait là aussi Jules Helvétien, dit le cardinal Josué, dit Doremus, un Christolâtre qui larmoya sa plus belle eau au 4 Septembre, ex-ministre de la justice, aujourd’hui sénateur. Aux côtés de Jules Helvétien, se tenait sa femme, surnommée « la bête du Gévaudan », autrefois vice-présidente du comité des études à l’École professionnelle. La bête du Gévaudan et le cardinal Josué sortaient souvent vers deux heures, de leur appartement situé place de la Madeleine. Le cardinal Josué, tout rond et tout repu, gardait à la main un journal dans lequel il semblait avoir oublié de plier son ventre, qui le gênait de plus en plus, quoiqu’il y tînt, parce que cela lui donnait l’aspect d’un homme très bien. La bête du Gévaudan, assez pe-