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sabine

— Voyons, ne luttons pas de finesse. Je présume que ce n’est point précisément pour Sidi Mohammed que vous désirez entrer dans cette maison ?

— Vous présumez juste, comtesse.

— Je suppose même que le jour où vous parviendriez à y être introduit, vous seriez fort aise que ledit Sidi Mohammed fût parti en lointaine contrée ?

— C’est encore on ne peut plus juste.

— Eh bien, mon bon monsieur, que vous importe donc si la cause… encore impalpable à mes yeux, de vos ardents soupirs, est un moment transportée dans un autre endroit, et vous apparaît ailleurs que dans la maison de son seigneur et maître ? Je n’ai en aucune façon le pouvoir de vous aider à franchir ce seuil redouté, mais je puis obtenir qu’on en laisse sortir, un certain jour, la dame pour laquelle vous vous morfondez en ce moment.

— Ah ! fit le peintre devenu rayonnant, il n’y a que vous, chère comtesse, pour avoir des combinaisons aussi subitement engageantes. Votre main, que je la baise. Ainsi vous m’obtiendrez…

— Après-demain, présentation chez Ibrahim Bey, juste le temps de faire inviter une partie du harem de Mohammed, qui tiendra à grand honneur de rendre visite à la femme du Bey. Seulement, si vous désirez voir votre beauté à visage découvert…

— En voilà une question !

— Alors, il vous faudra un travestissement féminin.