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Page:Marc de Montifaud Sabine 1882.djvu/120

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sabine

une parcelle de son corps qui ne rêvât d’asservir une volonté à son triomphe, pas un de ses gestes qui ne divulguât l’horreur de la vivacité qui compromet. Elle allait lentement, droitement au but visé de loin, mais sans que personne eût pu deviner qu’elle en soupçonnât l’existence.

Au moment où elle frappait sa jupe d’un geste d’impatience et jetait un coup d’œil irrité au maître endormi, les intimes, comprenant que le moment s’annonçait enfin d’apporter à son isolement la diversion de leur présence, tentèrent une évolution et l’entourèrent. Mécénia s’aperçut qu’on avait remarqué le jeu de sa physionomie, et voulant donner le change :

— J’espère, dit-elle à voix basse, qu’on ne réveillera point le président ? Voilà quinze nuits qu’il passe à travailler.

Quelques-uns s’inclinèrent, pendant qu’elle faisait un signe de la main et gagnait le salon voisin ; les autres ébauchèrent un sourire assez significatif, en voyant avec quel art elle prenait aussitôt la complicité de ce sommeil pour lequel elle venait de tout tenter afin de l’empêcher.

— Ce n’est pas une brouille feinte, observa l’un des causeurs du commencement ; on jurerait, ma foi, qu’ils ont assez l’un de l’autre.

Cependant un travail de taupe s’exécutait de côté et d’autre dans l’espoir de parvenir auprès du « Manitou » profondément endormi et que la garde des fidèles défendait à peine des solliciteurs parve-