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sabine

arriva. L’abbé Ferret invita ses paroissiens à contribuer par des dons de diverse nature à l’embellissement de la chapelle. On dépouilla les jardins. Lorsque vint le tour de celui de Sabine, elle déclara qu’elle n’offrirait qu’un bouquet, et défendit hautement qu’on dévastât ses parterres. M. Raimbaut ne vit là qu’une preuve caractérisée du goût de sa femme pour sa propriété où il espérait la retenir longtemps, et, quoique ennuyé, il ne se plaignit pas, comprenant que s’il laissait l’église prélever une dîme dans sa maison, sa femme la déserterait. Mais l’indignation générale n’eut aucunes bornes, et le maire avertit en sous-main l’ex-conseiller des mécontentements de la préfecture au sujet de la conduite dans laquelle s’obstinait Mme Raimbaut.

Raimbaut retourna chez lui en proie à une sourde angoisse. Que lui pouvait-on ? Rien. Et, cependant, il sentait son crédit ruiné. Aussi n’essava-t-il pas grand préambule pour informer Sabine des événements.

— C’est fâcheux, excessivement fâcheux, acheva-t-il, en concluant ; on a toujours assez d’ennemis.

— Est-ce que le curé vous fait peur ?

— Je n’ai peur de personne ici. Mais enfin…

— Mais enfin, vous redoutez tout le monde. Il faudrait cependant vous décider à opter pour ou contre les idées cléricales ?

— Ma chère, l’autorité finit quand même par rester à ces gens-là.

— Alors communiez, allez au sermon ; moi, je vous attendrai ici.