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sabine

Raimbaut se gratta l’oreille.

— Je crains que cela ne nous vaille un vacarme d’enfer, votre refus de fleurs.

— Soyez tranquille, répéta-t-elle, avec un singulier sourire, si le curé s’avise d’être méchant, je le mettrai à la raison.

Elle ne connaissait pas la rudesse de la tâche dont elle parlait en si haute désinvolture. Les maisons elles-mêmes paraissaient garder derrière les vantaux impitoyablement fermés quelque rouge colère que le four clérical chauffait à blanc, Çà et là un rideau tordu d’humidité laissait paraître un coin de vitre contre laquelle on apercevait le parchemin d’une peau de dévote, dont la fibre ricanait. D’autres ascètes frottaient l’une contre l’autre leurs mains sèches ; chez trois ou quatre impotentes de la paroisse se tenaient des conciliabules ; on devinait des ombres circulant entre les vieux bois pâlis des meubles, et dans les plis des tentures. Au fond d’une grande maison de la place, deux douairières de la mercerie, assises au coin du feu, quoique au mois de juillet, devisaient sur Sabine et crachotaient dans les cendres du foyer les dernières expectorations de l’asthme qui devait les emporter.

Entre les arbres également coupés et plantés, sous l’ombrage débonnaire de la feuille du tilleul provincial, les habitants accomplissaient maintes évolutions mesurées sous les fouaillées de la haine. Le feuillage des ormes se dressait si serré, si