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prologue

une sorte d’aparté, les mêmes arcades sourcilières creusées en voûte…, le même regard étrange…

— Les mêmes… dites-vous ? à qui pensez-vous, s’il vous plaît ?

— Rien. Je compare cette tête de dix-huit ans à un type de femme complètement… disparu. Cette jeune fille est simplement le reflet d’un souvenir… demeuré très persistant dans ma mémoire. Voilà tout.

— Bon, bon, arrangez ça à votre fantaisie. Je ne cherche pas à vous demander le récit de vos fredaines ; l’important, c’est que je réussisse à exécuter ma promesse. Laissez-moi donc vous examiner encore. Vous avez beau prétendre le contraire, vous êtes un furieux original quand vous souhaitez quelque chose. Jamais je ne me serais figuré que vous auriez si vite adhéré à mes conditions. Quand j’ai reçu votre noire toison, j’ai cru que c’était celle d’un sapeur que vous aviez achetée à prix d’or. Vous pourrez la déposer aux pieds de votre adorée, si cela vous plaît ; je l’ai serrée précieusement dans mon tiroir de toilette. Je vais vous la chercher. La comtesse se leva, et revint, au bout d’un instant, munie de la formidable barbe.

— C’est qu’elle se rajuste parfaitement ! Il n’y manque pas un poil.

— En y adaptant un manche, répliqua Duvicquet, vous en ferez un petit balai.

— Décidément, vous êtes drôle, nous nous amuserons. Moi, j’ai travaillé de mon côté, et, demain à trois heures… Ah ! demain…