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sabine

larmes de bonheur, l’histoire des reliques de sainte Gudule :

— Voilà pourquoi le curé s’est mis en six pour que l’on nommât le mari de Madame, répétait-il en s’égosillant. Lundi prochain on exhibe solennellement l’os du métacarpe qui m’a guéri d’une entorse que je n’ai jamais eue que pour le triomphe de sainte Gudule — une fière sainte, monsieur Mégissier, — qui a refait toute une population d’imbéciles, au point que, lundi, y vont sonner les cloches à trente-six volées et beugler comme des taureaux…

— Mais, interrompit le notaire, ordonnant d’un signe aux autres de se taire, quels sont donc ces vieux ossements ?

— Pardine, des os de poulet que j’avais gardés dans mes poches après les avoir soigneusement passés à la pierre ponce. En voulez-vous ? t’nez, en v’là, ce sont les petits derniers, ceux qui proviennent des tétons de sainte Gudule… Ah ! ah ! ah ! elle est bien bonne, n’est-ce pas ?

Et le bohème roula sous sa chaise, pendant que les paysans, furieux, voulaient se jeter sur lui.

— Soyez tranquilles, mes enfants, je vais de ce pas à l’archevêché, assura M. Mégissier, raconter de quelle flouerie on vous a rendus victimes.

— Oui, oui, oui, nous y allons du même pas, crièrent deux ou trois enragés.

— J’allais vous le demander, reprit le notaire ; votre témoignage corroborera le mien.

La nouvelle arriva à Bourges en même temps que