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sabine

À peine ressuyée, les cuisses encore humides, les cheveux mouillés, comme des tresses gaufrées, sous l’épaisseur de leurs ondes naturelles, la réalité aidant encore à repousser d’elle l’idée d’un mari qui occupait, pour l’instant, une place trop hypothétique pour être vraie, Sabine se dressait dans les plis droits de son vêtement blanc, hennissante de provocation, plus longue, plus mince, plus affinée, plus marquée d’une prédestination étrange qu’elle ne lui était jamais apparue. Il allait peut-être s’en détourner, chercher un prétexte, reculer de quelques pas lorsqu’elle marcha droit à lui et plongea brusquement ses lèvres entre les siennes. Aucun doute ne pouvait subsister : l’ardillon de passion dont elle aurait pu détourner la pointe, elle le dirigeait elle-même sur elle.

Ivre, chancelant, l’artiste enveloppa de ses bras la jeune femme dont la forme semblait tourbillonner, et, sous le coup d’affolement qui lui monta au cerveau, l’entraîna sans peine vers le divan où ils tombèrent. Là, comme elle fermait les yeux, s’abandonnant, Henri dans un emportement immaîtrisable croisa ses membres autour des siens.

Quelques minutes après, ils revenaient à eux.

— C’était écrit, il fallait que ce fût, murmura-t-il.

Et il la tint longtemps embrassée, lui cachant la figure, tremblant de rencontrer ses yeux.