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sabine

Duvicquet haletait.

— Toi, toi, tu as entendu cela ?

— Oui, j’ai entendu cela ! Et il y a eu pis encore…

Il crut qu’elle s’affolait.

— Quelqu’un, ajouta Sabine, quelqu’un a payé un arroseur pour qu’il dirigeât son jet sur moi ; ma robe est encore trempée, tiens !

Elle lui mit une poignée de l’étoffe entre les mains.

— Mais j’irai au préfet ! s’écria-t-il, pris comme d’un transport au cerveau. Je lui raconterai que son nom a été prononcé dans la mêlée. J’exigerai une enquête…

— Eh ! avec quoi achèterez-vous les consciences nécessaires ? Les quarante mille francs que vous avez versés le jour de mon contrat sont entre les mains de mon mari.

— Il me reste une dizaine de mille francs et en travaillant ferme…

— Et vous croyez qu’une dizaine de mille francs suffiront pour mener pareille affaire ?

— Sabine, du courage ! Ma pauvre petite, du courage ! Je te vengerai ! Comment ? Je n’en sais rien ; mais je te vengerai !

— Sans argent ?

— Ah ! malgré tout ! Va, on peut encore trouver un moyen d’obtenir justice ; tu verras. Mais ne me dis point que tu ne saurais croire à une revanche ; non, il n’est pas possible que les événements d’aujourd’hui te ménagent ainsi un avenir de honte. — Je