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sabine

ça lui causait de renoncer à une somme qui lui aurait permis de s’acheter une bonne jupe de futaine. — Frissonnette lui revaudrait cela, elle en était sûre. Mais, enfin, les tresses si longues, si lourdes de cette pauvre Mme Durieu…

— Eh bien, quoi ? demanda subitement la fillette en regardant son interlocutrice.

Mme Lebas se tut un instant et se décida à insinuer que les cheveux valaient de l’argent ; qu’on pouvait les porter à un coiffeur qui les achèterait toujours ; quand Frissonnette n’en aurait tiré qu’une pièce de quarante sous, dame, ça servirait à payer une couronne ou quelque chose en verre filé sur le corbillard qui emmènerait cette pauvre Mme Durieu. Elle se chargerait volontiers de cette commission ; justement elle connaissait un garçon…

Mais l’enfant l’interrompit résolument.

— Madame Lebas, maman n’a besoin de rien maintenant ; moi, je veux conserver ses cheveux ; mais je vous promets de vous rendre vos sept francs, si vous n’en parlez à personne.

Ces paroles rassérénèrent Mme Lebas, qui se préparait à répondre, lorsque la porte s’ouvrit et donna passage à un menuisier portant une bière en bois blanc. Faute de place dans la chambre, il déposa le coffre le long du mur ; ensuite il partit. Un autre homme entra ; l’enfant comprit ce qu’il se proposait d’accomplir ; elle le regarda disposer la bière et s’emparer du corps enveloppé d’un drap, puis se frotter les mains — ça allait tout seul ; — restait à apposer