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Page:Marc de Montifaud Sabine 1882.djvu/261

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sabine

honnêtes gens ; elle couvrait de son affection pour le défunt les choses malpropres qui se passaient chez elle. De ses habitués, deux surtout étaient mis en relief par elle : deux jeunes gens qu’elle nommait ses « bébés » on ne comprenait pas au juste pourquoi. L’un des deux, M. Tuchard, étudiant en médecine, conservait la réputation d’un galant homme fourvoyé chez une drôlesse. Le second, M. Senelle, secrétaire d’une Société d’agronomie, appartenait à la police secrète, et fréquentait la Varlon parce qu’il possédait le moyen de s’en servir en la forçant à manœuvrer souterrainement. Du reste, les relations de Mme Varlon avec certains fonctionnaires de la sûreté s’accentuaient chaque jour. Dans une affaire assez connue, où un député, nommé Roudier, se trouvait avoir été poursuivi pour outrage à la pudeur, la femme de ce député, ancienne pensionnée de l’impératrice, tentait tout pour faire luire au jour l’innocence de son mari. Mme Varlon lui ayant été désignée comme un instrument dont on jouerait facilement, Mme Roudier parvenait, grâce à son intermédiaire, à ce que l’on révisât le jugement qui n’acquittait son mari que faute de preuves, et à lancer la justice à la piste du véritable coupable.

Telles étaient les réflexions qui montaient au cerveau d’Octave Rémy en regardant son étrange interlocutrice.

En cet instant, de retentissants éclats de rire saluaient une péroraison à propos du divorce ; on entendait la voix de Mme Raimbaut.