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sabine

qu’aimerait cette jeune femme, d’un homme…qu’elle… n’aurait pas le droit… d’aimer ?

— Monsieur… monsieur…

— Ah ! remarqua le jeune homme, après un temps, j’ai côtoyé des corruptions dans ma vie ; mais celles-là me semblent toujours roides.

— Mais qui vous prouve que ce que l’on soupçonne soit vrai ?

— Peuh ! je comprends maintenant les événements, le brisement de la carrière artistique d’Henri Duvicquet, sa lutte enragée à la Bourse. Aussi, quand je l’ai questionné, je n’ai pu en obtenir autre chose que ces mots : — « Je vais bien rire quand un huissier quelconque ou l’avoué Blavadis par exemple, me rencontrant, me demandera d’une voix gouailleuse : — Et vous faites toujours de la peinture ? — Je lui répondrai : — Non, je suis banquier. — C’est le Blavadis qui en fera une tête ! J’en piaffe de bonheur. »

— Il est certain qu’à voir Duvicquet manier des liasses de billets de banque, on se demande si une maison ne va pas vous tomber sur la tête. Il y eut un silence. Celle qui avait suggéré le précédent entretien se moucha avec affectation et regarda autour d’elle.

Certaines obscurités planaient au sujet de cette femme. Veuve d’un homme de lettres médiocre, elle feignait de ressentir pour les livres de son mari un culte qu’on respectait, parce qu’il relevait d’un sentiment légitime ; mais la fine mouche jouait de son ancien amour conjugal afin de prendre certains