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Page:Marc de Montifaud Sabine 1882.djvu/283

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sabine

demeurait écrasée, les membres inertes, les yeux vides, sans vibration comme une chose brisée.

Il n’y avait jamais grand mal à se donner pour déshabiller Mme Raimbaut, qui conservait la louable habitude de vivre chez elle dans le costume peu dispendieux d’une déesse qui a souci des traditions ; aussi le peintre arriva-t-il assez promptement à ses côtés dans un état qui n’excluait pas la décence, mais qui ne faisait pas de cette qualité absolument moderne une condition irréfragable de la vie, vu qu’elle n’aurait pas été de mise en pareille situation.

— Eh bien, quoi ? dit-elle en le repoussant légèrement, lorsqu’il se coula près d’elle.

Ce « eh bien, quoi ? » offrait un caractère assez hypocrite, attendu que Sabine savait parfaitement ce que réclamait son tuteur, mais lui, affectant de croire au sérieux de sa question :

— Je te dirai « quoi », répliqua-t-il, quand tu m’auras laissé reprendre la position décrite si éloquemment par Salomon dans le Cantique des cantiques : « La droite de mon bien-aimé est passée sous ma tête, et l’autre… »

Il ne jugea pas nécessaire de continuer, ayant trouvé le moyen d’achever la description autrement qu’en paroles.

Il est probable que ce procédé représentait la meilleure partie de ceux qui lui réussissaient en maints cas d’angoisses semblables ; car elle oublia ses inquiétudes, et s’abandonna. Alors ils recommencèrent à s’incorporer la chaleur, le mordant cruel des