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sabine

— En voyage ? s’écria-t-elle en joignant les mains sans songer à quel point son désespoir devait surprendre.

— À Paris, madame, répliqua Solange stupéfaite de la question. Madame ne l’a donc pas vue ? Elle est partie hier en compagnie de M. Rougemont… Mais venez, madame, venez, vous n’en pouvez plus.

Et Sabine, brisée par ce nouvel échec, se laissa conduire dans la vaste cuisine où flambait un feu énorme, pendant que la voiture repartait, continuant sa route.

Quelque douloureuse qu’eût été cette dernière déception, Mme Raimbaut, en constatant la présence de Renée près d’Henri, y devinait une conjuration certaine du danger. Elle consentit donc à s’installer dans la chambre de Mme de Sérigny, à s’étendre dans sa chaise longue devant le feu ardent, et, lorsque Solange se fut retirée pour aller dormir, elle passa en revue, du regard, les objets qui lui étaient depuis si longtemps familiers. Mais la journée de la veille la hantait ; elle se revoyait traversant le quai désert, regardant l’heure à une station de voitures, ne sachant ce que disaient ses lèvres, et quels gestes avaient ses mains ; elle se souvenait s’être jetée dans un fiacre, en donnant le nom de la gare, et n’avoir eu qu’une idée : trouver Renée, son refuge, son autel, son sanctuaire, quand tout s’effondrait.

Sabine passait ses doigts sur son front. Elle voulait attendre Mme de Sérigny. Il lui semblait que