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sabine

avec sa carabine d’une main et son bonnet de l’autre.

— Tu étais donc là ? dit Mme Raimbaut. Pourquoi ne répondais-tu pas tout à l’heure ?

L’enfant rit niaisement en regardant l’arme qu’il tenait à la main.

— Ous que vous voulez que j’aille, mam’zelle ? demanda-t-il.

Il appelait toujours Sabine « mam’zelle », quoique la sachant mariée.

— Je n’ai plus besoin de toi, Solange est partie.

L’enfant voyant le mécontentement qu’excitait sa conduite se retirait honteux, à reculons.

Mme Raimbaut remarqua alors sa carabine.

— Approche, lui ordonna-t-elle doucement.

Joseph obéit.

— Est-ce que tu tires bien ? interrogea Mme Raimbaut d’un ton qu’elle s’efforçait de rendre indifférent.

— Dame !… fit-il d’un air satisfait.

— Est-elle chargée à balle ou à plomb ? continua encore la jeune femme en prenant l’arme que tenait le petit paysan.

Celui-ci hésita ; puis finit par se décider à ce discret aveu :

— À balle ; mais faut pas le dire.

— Écoute, poursuivit Sabine, je veux voir si tu m’as dit la vérité, et si tu es aussi habile que tu le prétends. Si tu réussis le coup que je vais te demander, il y aura un louis pour toi.

Joseph la regarda curieusement.