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ment, parvenait quand même à suivre la déduction d’un raisonnement, s’effaça subitement ; les ondulements de la mort apparurent et coupèrent les paroles par temps inégaux. La voix s’abaissa et, dans les yeux, la clarté se fit avare. À un moment donné Sabine tressauta :

— Renée ! Renée ! où es-tu ? pourquoi m’as-tu abandonnée ? Ne t’en vas pas… Non, ne t’en vas pas…

— Mais je suis là, je t’entends, ma chérie !… Tu es dans mes bras, mon amour ! Regarde… C’est moi !… Je ne te quitte pas…

Mais elle répéta encore :

— Où es-tu ? où donc es-tu ?… viens, viens vite…

En vain Mme de Sérigny la soulevait, la pressait contre elle ; en vain elle tâchait de rencontrer son regard… Sabine ne voyait ni n’entendait… L’étouffement qui devait résulter de l’effort de langage précédent amena le dernier spasme. Elle continua quelques secondes à se débattre entre les bras qui la retenaient ; et, comme cette enfant qui avait été sa mère, elle eut le même geste effrayé, le même regard d’épouvante, en cherchant d’instinct le sein de Renée pour y mourir.