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Page:Marc de Montifaud Sabine 1882.djvu/92

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sabine

baut ne pouvait tarder à être fixé. Le lendemain il accourait trouver Mme de Sérigny.

— Elle est tout bonnement délicieuse, s’était-il écrié ; vite, vite, chère madame, ne me faites pas languir au moins.

— Ainsi vous désirez, et vous aimerez ma pauvre petite Sabine ?

— Si je l’aimerai ? si je la désire ?

Et Renée le voyant aussi épris s’empressait, d’accord avec Henri, d’arrêter l’époque à trois semaines de là. Aux interrogations de Renée, la jeune fille lui fermait la bouche par cet argument :

— Si je l’aimais maintenant, il est probable que d’ici à un mois je l’aurais pris en grippe. Mieux vaut que je sois dans l’attente d’un engouement futur que tu me prophétises.

Aussi, lorsque l’ex-conseiller lui demanda une dernière fois si elle l’épousait sans arrière-pensée.

— Du moment, lui répondit-elle, que vous êtes disposé à vous embarrasser d’une femme, mon Dieu, autant moi qu’une autre.

— Et nous ferons un grand voyage, n’est-ce pas ?… Nous irons en Allemagne, en Suisse, en Italie, en Grèce !

— En Grèce, oh non ! cela vous ferait ressembler aux yeux de vos amis à Ménélas.

Il la regarda, persuadé qu’elle disait cela pour le plaisir de répéter une drôlerie.

— Je vois, fit-il du même ton, que vous vous rangez d’avance à l’opinion.