Page:Marcel, Terre d’épouvante, Ficker, 1905.djvu/107

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souverain, seul responsable devant l’Europe qui ne s’en émeut guère.

Toutefois les indigènes sont militairement contraints à la récolte, même dans les concessions des sociétés avec lesquelles l’État ne partage pas les produits. Voici un exemple :


6 juin 1903. — Les soldats de l’État partent au matin, en pirogue, sous le commandement du sous-officier européen X… pour aller châtier, sur l’autre rive, nos indigènes enfuis pour se dérober à nos exigences. Ils ont fait n’deko avec les villages de cette rive, et tentent de provoquer d’autres désertions parmi les indigènes craintifs restés sur le territoire de la concession. Pour les convaincre mieux, ils en mangent quelques-uns de temps à autre.

C’est requis par les chefs de la Société que les soldats marchent, parce que la production décline d’une manière incessante et progressive et que, même lorsqu’il ne la partage pas, l’État est intéressé par la perception des transports et des droits de sortie à la production des sociétés, si même il n’y est pas intéressé plus effectivement.

Donc, les soldats partent en guerre. Ce sont vingt gaillards sans discipline, à qui de sordides haillons tiennent lieu de tenue de campagne. Rien n’est plus sale en temps ordinaire que le soldat congolais. Il