Page:Marcel, Terre d’épouvante, Ficker, 1905.djvu/115

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

25 avril 1903. — Depuis une semaine, malgré les pluies qui font monter la L… presque à vue d’œil, j’erre en forêt, cherchant des plantes à latex. Je constate la dévastation des lianes, la récolte brutale, sotte, l’annulation de l’avenir pour la satisfaction rapide du présent. Une liane devrait être un titre de rente. En la détruisant, on ne tire pas en une fois le poids de caoutchouc qu’elle donnerait en un an par des saignées régulières. Et la coagulation est mal faite, le produit mal soigné. Mais ces gens sont indifférents à tout. Les observations techniques que j’ai présentées restent sans réponse, malgré le caractère bien défini de ma mission. Une seule chose préoccupe l’administration : le cours des titres en bourse. Notre travail n’est que le prétexte, la justification de l’existence des valeurs.


Mais cette récolte, opérée d’une manière aussi épouvantablement inhumaine, et avec une telle imprévoyance, était mal soignée, mal emballée, manipulée par des gens dépourvus de la notion la plus rudimentaire du travail auquel ils se livraient. Le produit, essentiellement de toute première qualité, arrive toujours en Europe gâté par une corruption superficielle dont son prix de vente est affecté.