Page:Marcel, Terre d’épouvante, Ficker, 1905.djvu/131

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végétation comparable à la selva brésilienne est sillonnée de cours d’eau majestueux, larges, affluents d’un des plus gigantesques fleuves du monde ; réceptacle des richesses amoncelées par les siècles, abri de populations diverses et nombreuses et différentes, depuis les nains des époques antérieures, jusqu’aux géants Budjas, mâles superbes, dont la fierté a repoussé le joug du blanc justement maudit.

Car le noir a raison de nous maudire. Nos pères ont été des négriers ; nous avons été des voleurs et des assassins. En relatant les faits horribles dont ce livre ne donne, hélas ! qu’une bien faible partie en regard de l’atroce abondance des crimes, j’ai repensé aux pages de Vigné d’Octon sur les horreurs de la conquête soudanaise ; à celles qui faillirent briser la carrière de Loti, lorsqu’il dépeignit les atrocités des guerres franco-annamites ; à ce qu’on a dit des Hollandais dans cette île paradisiaque de Sumatra et à Bornéo ; à ce que me révélait un soir, à Kandy, ce fils de brahme