Page:Marcel, Terre d’épouvante, Ficker, 1905.djvu/141

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11 janvier. — Enfin, j’ai abattu l’éléphant. Les noirs s’en réjouissent : c’est plus de 4000 kilogrammes de viande ! Tous, mâles et femelles, plus de deux cents êtres se ruent sur la bête, l’éventrent, taillent, dépècent, arrachent, se bousculant, s’injuriant, hurlant. C’est superbe de convoitise sale et brutale. C’est un spectacle infernal, dans ce cadre sombre de la forêt sauvage. Et ils s’en vont dans leurs cases, allument des feux, et baffrent à en crever. Le lendemain, ils nous demandent des « monganga » pour se soulager. Dans quatre jours, ils auront tout dévoré, dans huit, ils viendront nous chercher des vivres.


Quelques-uns de ces noirs sont de grands chasseurs d’éléphants, d’une audace stupéfiante. Les Nains l’attaquent avec des lances pesantes, qu’ils sont trois à tenir. D’autres leur tailladent les jarrets. Un certain capita allait se placer, avec son fusil, sous la tête du colosse, et lui faisait sauter la cervelle, en profitant de la moindre épaisseur de la peau sous les ganaches. Ils tuent l’éléphant pour sa viande. Ils se servaient autrefois des défenses pour se faire des trompes de guerre.


Ces noirs de la forêt équatoriale sont à