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Le capita est un noir qui consent à travailler, non pas pour la solde infime qu’il perçoit mais pour les exactions qu’il peut commettre dans les villages qu’il est chargé de surveiller et qui sont presque toujours d’une autre tribu que lui.

On peut juger du salaire des noirs par les lignes qui suivent :


5 avril 1903. — Payement d’une dizaine d’hommes à fin de contrat à raison de cinq pièces de tissu pour un an, d’une valeur, sur place, de 20 francs. Ajoutons à cela 365 mitakos de ration, soit 36 fr. 50, si l’on évalue le mitako à 10 centimes, ce qui est exagéré, 5 francs de matabiche (gratification) pour les bons sujets, et le travailleur ne coûte que 60 francs environ par an.

Son contrat porte pourtant 13 ou 10 centimes par jour, plus une ration évaluée à l’État à 1 mitako par jour, soit 36 fr. 50 + 36 fr. 50 = 73 francs. Les sociétés, pour qui tout est bon, raflent donc une quinzaine de francs au minimum à leurs auxiliaires noirs. Il est vrai que ceux-ci n’ajoutent aucune importance au salaire donné par l’Européen. Ils se payent sur l’indigène.


Et ils se payent rudement.

Il leur faut d’abord des femmes et des