Page:Marcel, Terre d’épouvante, Ficker, 1905.djvu/78

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était attaché. On l’y désigna, en le confiant à un capita habile, célèbre dans la région pour être la plus grande bête féroce que l’on puisse rencontrer à cent lieues à la ronde, et, chose sans prix, comme un merveilleux récolteur et un dresseur de blancs hors de pair. Titres d’ailleurs copieusement mérités.

Il faut bien admettre qu’un Européen n’arrive pas immédiatement à la férocité active ou passive. Quels que soient les mauvais instincts qu’il puisse avoir par nature, et même si ces instincts sont augmentés par les contingences que nous avons indiquées et par la résultante morale du contrat signé, il lui faut encore un apprentissage de cruauté, ne serait-ce que pour vaincre l’hésitation, engendrée par nos mœurs d’Europe, où l’on ne tue les gens que par centaines de mille en temps de guerre sur des théâtres réservés à ce genre d’exercice, ou seulement par excès de misère en temps de paix, d’une façon discrète et avec le consentement des victimes, qui ont le bon goût de se suicider lorsqu’elles sont trop pauvres.