Page:Marcel, Terre d’épouvante, Ficker, 1905.djvu/79

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Il faut que des conseils répétés, une excitation, une ambiance spéciale, lui façonnent en plus ou moins de temps un concept colonial. Le temps est en raison inverse des aptitudes. Il est nécessaire qu’il sente une hostilité contre ses intérêts, son bien-être et sa sécurité pour concevoir l’idée de la nécessité des répressions pour lesquelles tous les bourreaux invoquent sans manquer une raison de justice brutale qu’ils croient de très bonne foi logique en ces pays. Au point que la justice réelle leur semble monstrueuse, quand d’aventure elle entend punir les Européens coupables de n’avoir pas traité les indigènes comme des hommes, ou simplement qu’elle les menace de châtiments dont la seule crainte arrête l’emploi des bons moyens de productions.

Donc, dès les premiers temps de son séjour, l’Européen, déjà irrité par la mollesse et les mauvais tours que ne manquent pas de lui jouer ses propres serviteurs, subit des vexations que les capitas provoquent sciemment et par lesquelles le blanc s’anime