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8 JEAN-FRANÇOIS MILLET.

premiÈres vacances on le garda dÉfinitivement. Cependant sa qualilÉ de fils aîné lui traçait sa voie, il dut aider le père dans les travaux de la terre, et, selon les saisons, faucher, faner, battre en grange, vanner, fumer, labourer, semer. À la veillée, le corps las, mais l'esprit dispos, il dévorait les livres du grand-oncle et de la grand’mère, la vie des saints, les Confessions de saint Augustin, les Lettres de saint Jérôme, Bossuet, Fénelon. Mais le Virgile et une Bible en latin restèrent ses compagnons de prédilection.

Déja, d’ailleurs. l’art le sollicitait obscurément ; il aimait à croquer, qh et la, des scènes vues, des types familiers. M. Ginisty, au cours d’une visite dans la région, a trouvé à Landemer, où Auguste Millet, un des frères du peintre, tenait une auberge, des gravures tirées de sa main, un petit tableau : la Vierge soutenant la t^zte du Christ mort, destiné à sa grand’mère, et chez un voisin, un dessin de grandes dimensions, fait à dix-sept ans, représentant deux bergers, l'un assis, l’autre gardant ses moutons. À Gréville même, dans la petite maison de galets de son enfance, qu’habitait encore une de ses sœurs, veuve d’un douanier, se voyaient, sur une porte, des grenouilles dansantes dessinées à dix ou douze ans, et, dans une chambre du haut, une peinture presque effacée, un bouquet de fleurs, copié dans le jardin et placé là pour recréer les yeux de sa mère malade. « Tenez, disait Millet à Sensier, au cours de son dernier séjour à Gréville, en 1871, c’est dans cette chambre que mon père faisait sa méridienne ;