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JEAN FRANÇOIS MILLET. 7

son frère Charles, ancien prêtre insermenté d'une haute vertu, d'une simplicité évangélique, type original de curé lahoureur ; Jean- Louis-Nicolas, d’esprit contemplatif, très doué pour la musique, sensible à toutes les beautés naturelles ; sa femme, régulière et pieuse, tout ce monde menait dans un climat rude, sur les pentes escarpées dévalant vers la mer, qui rendaient le labour et les charrois difficiles, une vie active, traditionnelle et exemplaire.

Le petit Jean-François fut le favori et la passion de sa grand’mère qui le berçait en chantant, lui apprenait les noms et les propriétés des choses, lui ouvrait les yeux aux merveilles de la création ; le grand-oncle vagabondait avec lui, lui contait des histoires, lui faisait épeler ses lettres. L’enfant le perdit, n’ayant encore que sept ans, mais cette originale et douce figure lui resta jusqu’au dernier jour présente. À douze ans, le vicaire qui le préparait à la première communion, lui trouvant une curiosité éveillée et intelligente, lui donna des leçons de latin. Les Bucoliques, les Géorgiques le transportèrent ; il y retrouvait l’écho agrandi , poétisé, de ses sensations devant la nature agreste, et s’émerveillait à ces vers d’un pittoresque tour à tour si grandiose et si paisible :

Mugitusque bourm, mollesque sub arbore somni...
Majoresque cadunt celsis de montibus umbra...

Le vicaire ayant été promu à une cure voisine, on décida qu’il l’y suivrait. Mais cet exil lui fut si dur, qu’à ses