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JEAN-FRANÇOIS MILLET. 11

c’est de là, qu’à travers cette petite fenêtre, je dessinais notre jardin et tout ce que je voyais. Ah ! j’entends encore la respiration de mon père, quand je crayonnais quelque arbre ; j’aimais à le sentir près de moi et à le voir en son repos. » D’autre part, on conte encore au village qu’il excellait à tous les exercices physiques et aux travaux manuels, s’amusant à sonner les cloches, sculptant le bois, tournant des toupies monstres. Un vieillard cheminant, qu’il charbonna de souvenir, à dix-huit ans, frappa tellement son père, par la justesse du mouvement, qu’il le conduisit a Cherbourg, muni de deux dessins : les bergers dont nous avons parlé plus haut, et un effet de nuit : des hommes portant des pains. Le professeur consulté, un certain Mouchel, élève de David, en fut également impressionné, et prit le garçon en apprentissage ; intelligent et observateur, cet artiste oublié aimait Teniers, Brauwer, Rembrandt ; il lui fit copier des gravures et dessiner d’après la bosse. Au bout de deux mois, une maladie foudroyante de son père rappela Millet à Gréville : il le trouva déjà sans voix et sans connaissance, et le perdit le 29 novembre 1835. Devenu chef de famille par cette mort (l’aîné des enfants était une fille), il assuma courageusement l’exploitation du domaine ; mais sa pensée était loin, l’art était désormais son maitre. La grand’mere le dissuada de continuer, et il retourna à Cherbourg. 11 entra à l’atelier de M. Langlois, élève de Gros, fort considéré dans la ville ; il ne tira pourtant pas grand profit de son enseignement, et se