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Page:Marcel Schwob - Œuvres complètes. Écrits de jeunesse.djvu/101

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lumière des lampes d’argent éclairait du plafond, et des taches lumineuses cerclaient les tapis et flottaient le long des tentures. Elle déliait la zonoule qui s’enserrait au-dessus de ses hanches et la chair blanche des seins transparaissait sous les volutes de la tunique qui maintenant glissait le long des cuisses.

Et sur les sombres couleurs des tapis où elle s’allongeait en s’étirant, son corps blanc se détachait, merveilleusement.

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Ah, comme il était beau avant ! Et maintenant, où était-il ? Parti ! parti. Le Tibre jaune roulait ses eaux sombres rejaillissant sous le Soublikiou ; les fanaux des barques amarrées perçaient la nuit de points lumineux. Tout était mort dans la grande ville ; tout était mort dans le cœur de Poupa. Comme l’eau était noire là, sous le pont. Comme elle était attirante avec ses replis et ses tournoiements et ses bouillonnements sinistres. Un plongeon — tout serait fini — Variou — Mannia — partis avec l’être aimé. Plus rien ! plus rien !

Mais de durs crocs saisirent la robe qui fuyait ; un joyeux aboiement courut sous les échos sonores des arches : Strenou était là ; Strenou avait sauvé sa maîtresse. Quels frissons de plaisir ! quelles étreintes de pattes ! Sa langue courait sur la figure de Poupa. Et Poupa fermait les yeux : car l’horreur de la mort l’avait saisie.

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Elles dansaient sous les statues entrelacées des Faunes grimaçants. Au loin, la blancheur mate des marbres pâlissait l’obscurité, derrière les torches. Et sous le portique du temple, le long des vases à offrande, sur le parapet large et usé, c’étaient des