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MARCEL SCHWOB

C’est la période pessimiste que toute la jeunesse savante traverse, celle qui ne sait plus rire. L’adolescent s’évade du lycée par la poésie, et il écrit deux poèmes qu’il rêvait immenses : Faust, d’un romantisme farouche et trivial, et un Prométhée qui l’a déterminé à travailler le sanscrit.

Si les vers de sa jeunesse, que Marcel Schwob renia, témoignent surtout de sa facilité, les proses qu’il écrivit, en préparant le bachot et l’École Normale, indiquent déjà un écrivain qui se dégage, peu à peu, de l’inspiration de Flaubert. Il invente des contes de Fées, des histoires réalistes ou sentimentales. Marcel Schwob est alors un adolescent sujet à de brusques passions, qui dissimule sa sensibilité et sa timidité sous une affectation de dandysme. Il a déjà beaucoup lu, les grecs et les latins, Apulée, Pétrone, Catulle, Longus, Anacréon.

En 1885-1886, Marcel Schwob, qui a devancé l’appel, fait son volontariat à Vannes, au 35e régiment d’artillerie. Il s’émancipe et se retrempe dans le pays gallo. Il a pour compagnons ceux qui partent en bombe, sautent le mur, les trimardeurs. Il évoque dans des vers réaliste, qui valent ceux de Richepin, les mathurins, les filles et les bouges. Marcel Schwob est déjà un argotier remarquable, un admirateur de Villon dont il transcrit l’œuvre ; et il compose sa “Lanterne rouge”.

Il reparaît au Lycée Louis-le-Grand comme vétéran, préparant l’École Normale, “cagneux” à l’esprit caustique, singulier et brillant, sous Merlet, Hatzfeld et Jacob. Et il écrit toujours des vers à l’imitation de Martial. Marcel Schwob devait échouer à l’Ecole Normale ; mais il prépare, à sa manière, la licence, en suivant les cours de Boutroux, qui