Page:Marcel Schwob - Œuvres complètes. Écrits de jeunesse.djvu/138

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trera ce qu’il y a de vrai ou de faux dans ce jugement sommaire des gens du monde. Cette étude ne saurait être complète ici ; aussi ne faudra-t-il lui demander qu’une sorte de “mise au point” et la justification du rapprochement de deux noms aussi éloignés l’un de l’autre que ceux d’Eschyle et d’Aristophane. L’alliance de leurs noms a pour raison la grande analogie du système dramatique chez le tragique et le comique ; le but de ce travail sera de montrer la ressemblance.

I

“Eschyle, dit Aristote dans sa Poétique, fut le premier qui mit deux acteurs en scène, car il n’y en avait qu’un avant lui ; il diminua les chants du chœur et inventa l’idée d’un principal personnage. Sophocle ajouta un troisième acteur aux deux d’Eschyle et orna la scène de fort belles décorations(13).”

Voici maintenant le témoignage de la légende historique. Eschyle naquit en 525 à Eleusis, siège des mystères. Son père Euphorion, était pythagoricien. À trente-cinq ans, il fut blessé à Marathon ; puis il combattit à Salamine, à Platées. Son frère, Amynias, remporta le prix de valeur à Salamine. Son autre frère, Cynégire, se fit tuer à Marathon d’une manière héroïque. Enfin, Eschyle mourut à Géla, en Sicile, tué par une tortue qu’un aigle lui avait laissé tomber sur la tête. Il avait composé cette épitaphe :

“Sous cette pierre gît Eschyle, fils d’Euphorion, né dans Athènes, il mourut aux plaines plantureuses de Géla. Au bois si fameux, au bois de Mara-