Page:Marcel Schwob - Œuvres complètes. Écrits de jeunesse.djvu/243

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Des coupoles d’argent et des dômes féeriques,
Clairières vertes !
S’élèvent au-dessus de cités chimériques,
Mares désertes !
Et les femmes ont des passions hystériques,
Forêts ouvertes !
Pour assouvir les ruts de leurs mâles lubriques,
Clairières vertes !
Se livrant sur les toits, les terrasses de briques,
Mares désertes !
Au coucher du soleil, sous ses rayons obliques,
Forêts ouvertes !
On voit boire à grands traits les fauves faméliques,
Clairières vertes !
Et les guépards errer sur les places publiques.
Mares désertes !
La nuit on n’entend pas de prières bibliques,
Forêts ouvertes !
Ni de prêtres priant pour leurs saintes reliques,
Mares désertes !
Mais les chacals pleurant leurs pleurs mélancoliques,
Mares désertes !

Mai 1885.

Le Cachot

Au fond d’un cachot noir et visqueux je me traîne
Et ma plus grande peine est que je ne puis voir ;
Je suis dans un long soir que le matin ramène,
J’épuise mon haleine au fond de ce tiroir,
J’épuise mon espoir sous ces portes de chêne,
Ma tristesse me mène au profond désespoir
Et je ne puis savoir où s’enfonce le pêne
Et ma plus grande peine est que je ne puis voir.