Page:Marcel Schwob - Œuvres complètes. Écrits de jeunesse.djvu/250

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Tes yeux noirs ont un cœur vermeil
Pailleté d’or et de rubis,
Ce sont deux boucliers fourbis
Avec des gouttes de soleil.

Ton souple corps est une tige
Flexible d’aubépine blanche,
Le svelte ruban de la branche
D’une liane qui voltige.

Tes seins crémeux sont deux cocons
Pomponnés de satin grenat,
Avec deux bourgeons d’incarnat
Crevant la neige des flocons.

Ton ventre comme une cuirasse
Couverte de moire argentée
D’une javeline plantée
À son cœur garde la trace.

Tes deux mains sont les coques d’or
D’une grenade au sein creusé
Où brille d’un éclat rosé
Le chapelet des grains qui dort.

Ta fine bouche est un fil rose
Tendu sur un masque de moire ;
Au cœur d’une houppette noire,
C’est un calice qui repose.

Ces deux gouttelettes de pluie
Qu’un nuage pleura pour toi,
Ta petite main les essuie :
Mon cœur, je veux savoir pourquoi.