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Page:Marcel Schwob - Œuvres complètes. Écrits de jeunesse.djvu/295

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SUNDARI

Non, plus de vains combats, plus d’inutiles trêves.
L’âme, une goutte d’eau qu’engloutit l’Océan,
Ne se réveille plus au profond du néant,
Mais nos corps purifiés se confondront, limpides,
Et doubles dans les cieux aux voluptés rapides,
Ils ne seront qu’une âme à toute éternité.

Elle tombe dans les bras de Kumara.

LE FEU, apparaissant derrière eux.

Nous serons à nous trois, amis, la Trinité.
Car le Destin vous a pesés dans ses balances,
Rakshasas, approchez ! Portez — croisez vos lances !

Les Rakshasas approchent en grinçant des dents et en formant cercle autour de Kumâra et Sundâri, enlacés.

Amis, le Destin seul est juge dans les cieux.
Ses ordres sont des Lois, ses volontés des Dieux.

LA VOIX DU DESTIN

Kumâra, Sundâri, j’ai pesé votre faute.
J’ai pesé ce que ma Volonté vous en ôte :
La balance a penché du côté du trépas.
Indrah veut vous sauver ; Harah ne le veut pas.
Et moi je vous absous en ma toute-puissance,
Vous soulageant du lourd fardeau de la naissance.
Le Feu vous unira d’un baiser amoureux
Pour créer de vos corps un enfant bienheureux,
Il aura votre chair — il gardera vos âmes
Mais son être profond brûlera de vos flammes !

LE FEU

Enveloppant et couvrant le centre du cercle des Rakshasas.

KUMARA

À travers le brouillard rouge — on ne le voit plus.

Avec douleur.

Sundâri, je me meurs, je ne vais plus te voir !