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Page:Marcel Schwob - Œuvres complètes. Écrits de jeunesse.djvu/93

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collaient sur son dos. Dans les troncs des arbres le vent gémissait et pleurait, et les branches craquaient sourdement.

Alors Strenou se mit à hurler la mort vers le ciel. Et ses aboiements lugubres se répétaient d’écho en écho, au milieu du crépitement de la pluie sur les feuilles. Et Strenou courait en hurlant pendant que le tonnerre grondait derrière lui, au fond du ciel. Il était trempé par l’averse et les cailloux avaient mis ses pattes en sang. Péniblement, il trottait et gémissait aux chocs de la route…

. . . . . . . . . . . . . . . . .

Le bouscou vicou était noyé dans le soleil. Sur les toits plats, les ombres des cheminées s’allongeaient démesurément. Devant les fenêtres grillées, les mouches bourdonnaient dans le silence de la ville endormie. L’air, surchauffé, tremblotait ; les chiens, qui erraient dans les rues s’avançaient pesamment. Et tout à coup la porte du Paedagogium s’ouvrit. La classe était finie — le maître faisait sa sieste.

Sur la chaussée du bouscou vicou, autour du temple de Romoulou, sous les galeries en bois du Foro une foule bruyante s’avança. Le soleil tombait verticalement sur les têtes rasées. Les enfants passèrent vivement leurs tablettes dans les plis de leur tunique, et s’élancèrent sous les galeries. Tout était fermé. — Les étalages des argentarii, tout à l’heure si brillants de pièces d’or et d’argent, — étaient vides ; les joailliers ambulants avaient quitté les galeries. Et sur l’immense place vidée, les moustiques et les grosses mouches bleues bourdonnaient autour des chiens étendus.

Là-bas, se disaient les enfants, dans le vicou Djanou, il devait y avoir de l’ombre. Ils passèrent