Page:Marcel Schwob - Œuvres complètes. Écrits de jeunesse.djvu/94

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près du temple de Castor et longèrent le palais de Djoulia : on voyait, à travers les grillages, les riches tentures qui arrêtaient l’insupportable rayonnement du soleil. Le vicou Djanou s’allongeait dans l’ombre du Capitole, sombre et abandonné.

Déjà les rondes d’enfants se formaient — ils dansaient en chantant. Et comme d’autres s’amusaient à lever les marteaux des portes pour réveiller les dormeurs, un grand eunuque mitré descendit pour les chasser. Il s’avançait, empêtré dans sa longue robe : “Voulez-vous vous sauver ! graine de voleurs, rats d’égout, gibier de corbeaux ! En voilà de jolis fruits pour se moquer des autres ! Que Jupiter vous emporte de réveiller d’honnêtes gens !” — Mais déjà les enfants s’accrochaient à sa robe en criant : Gynépatrono ! gynépatrono ! Et aussitôt ils entonnèrent le refrain connu :

Plane mago.
Valde spado.

L’eunuque se réfugia dans la maison et referma la porte. Puis ils jouèrent à par impar. Ils se lançaient leurs poings à la figure en ouvrant les doigts et en criant : quot ! quot ! Et ils se disputaient en se criant que les autres trichaient, qu’ils avaient ouvert quatre doigts et non pas trois. Bientôt la dispute fut générale — on allait en venir aux coups — mais un petit qui avait l’air futé, proposa de jouer au testament de Marcou Grounniou Corocotta, le petit porc — et on accepta.

Alors l’un d’eux monta sur le seuil d’une porte et commença d’une voix nasillarde : “Magirou le cuisinier a dit au petit porc : “Viens ici, démolisseur de maisons, destructeur du sol, vilain porc