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Innocence ! Innocence ! Éternité rêvée !
Après vos temps de pleurs êtes-vous retrouvée ?
Etes-vous ma maison que je ne peux rouvrir ?
Ma mère !… Est-ce la mort ?… Je voudrais bien mourir !

*

Pourquoi s’est-il lié si bien avec mon cœur
Hélas ! que tout entier je ne puis le reprendre ?
Pourquoi m’avoir été si tendre… ou si trompeur ?
Si la mort voulait me l’apprendre !


À VICTOR HUGO


Un jour, ma jeune enfant ayant ouvert le livre
Où des éclairs divins votre âme se délivre
Lisait ligne par ligne avec d’humides yeux
Cet orage inconnu qui l’approchait des cieux.
Tantôt se détournant pour cacher une larme,
Tantôt riant d’un mot qui lui jetait son charme,
Tantôt serrant le livre à son front qui brûlait
Pour l’écouter, croyant que le livre parlait.

« Viens voir ! dit-elle alors, m’appelant la première,
» On dirait qu’il écrit avec de la lumière. »
» On dirait que les yeux de ton plus cher auteur
» Pour l’éclairer, ma mère, entrent au fond du cœur.

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