Page:Marceline Desbordes-Valmore - Poèmes inédits, 1946 (Revue Lettres).pdf/15

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Eh bien, allons ! dis-tu, l’eau demande à couler,
Tu vois, l’aile à s’étendre et l’âme à s’envoler.
Viens donc, relève-toi, marche, et livrons notre âme.
Ouvre-la… le soleil attire toute flamme.
Regardons le soleil puisqu’il sèche les pleurs
Et que, de toute cendre il fait jaillir des fleurs. »
Ces mots me sont restés, ma fille, ah ! j’en soupire !
Ils ont gardé sur moi leur pénétrant empire,
Et, comme entrevoyant, je me penche vers toi,
M’écriant : Seigneur ! Père ! Écoutez-la pour moi.


ADIEU D’UNE ESCLAVE GRECQUE

Imitation

Baise-moi tendrement ; je te quitte, ma vie ;
L’heure est venue, adieu ! baise-moi tendrement.
Je suis esclave, adieu ! toi qui m’as tant suivie :
Te quitter, c’est mourir… je meurs, mon jeune amant !

Serment

Crois-le ! de nos amours je ne peux me distraire,
Et je ne le veux plus, qu’il en soit mal ou bien.
Tout mon cœur est entré dans un si doux lien ;
Qu’y devienne le ciel indulgent ou contraire,
Mon sort est de t’aimer, car tu souffres pour moi :
Ton âme m’a voulue et la mienne est à toi.


MARCELINE DESBORDES-VALMORE