Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/183

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(10) et dont le circuit forme une navigation de vingt-trois mille stades, au rapport d’Ératosthène, d’Hécatée, de Ptolémée, et d’autres auteurs qui se piquent d’exactitude dans l’indication des distances. La forme de cette mer, au dire de tous les géographes, est celle d’un arc scythe avec sa corde.

(11) Elle a pour bornes, au levant, le Palus-Méotide ; au couchant, l’empire romain. Ses côtés septentrionales sont habitées par des peuples différents de mœurs et de langage. Sa rive au midi décrit en rentrant une légère courbure.

(12) Son vaste littoral est parsemé de villes grecques, toutes, un très petit nombre excepté, fondées par les Milésiens, colonie d’Athènes, et dès longtemps établies dans l’Asie Mineure par Niléus, fils de ce Codrus qui se dévoua, dit-on, pour sa patrie dans la guerre contre les Doriens.

(13) Les deux extrémités de l’arc sont figurées par les deux Bosphores, l’un Thrace, l’autre Cimmérien. Le nom de Bosphore vient de ce que la fille d’Inachus, transformée en génisse, suivant les poètes, traversa les deux mers intérieures à la nage, pour se rendre dans celle d’Ionie.

(14) À droite de la courbure, au sortir du Bosphore, se montre la côte de Bithynie, que les anciens nommaient Mygdonie. Ce royaume comprend les provinces de Thynia, de Mariandéna, les Bébryces, jadis délivrés par Pollux de la tyrannie d’Amycus, et la contrée lointaine où le devin Phinée tremblait au seul battement de l’aile des harpies. Sur cette plage sinueuse, et fréquemment interrompue par des renfoncements profonds, sont les embouchures du Sangare, du Psyllis, du Bizes et du Rhebas. On voit, à l’opposite, surgir du sein des eaux les Symplégades, double roc escarpé sur toutes ses faces, et dont on dit qu’autrefois, avec un fracas épouvantable, les deux parties se heurtaient, reculaient, renouvelant ce conflit sans cesse. Si rapide que fût le vol d’un oiseau, il n’eût pas évité d’être broyé entre ces deux masses au moment où elles se ruaient avec furie l’une contre l’autre.

(15) Le premier navire Argo, lorsqu’il voguait à la conquête de la toison d’or, put cependant passer entre elles, sans subir leur étreinte. De ce jour l’antagonisme cessa ; les deux parties s’incorporèrent l’une à l’autre, à tel point qu’aujourd’hui nul ne croirait à leur ancien divorce ; si toutes les traditions de l’antique poésie n’étaient là pour en porter témoignage.

(16) Après la Bithynie viennent les États du Pont et de la Paphlagonie, où l’on remarque Héraclée et Sinope, Polémonion et Amisos, villes considérables, toutes créations de l’actif génie des Grecs ; et Cérasonte, dont Lucullus importa le doux fruit dans nos contrées. Du sein d’îles altières s’élèvent les villes importantes de Trapézonte et de Pityunte.

(17) Plus loin vous rencontrez la caverne d’Achéruse, que les habitants du pays appellent G-Mychopontion, le port d’Acon, et divers fleuves, l’Achéron, l’Arcadius, l’Iris, le Tibre, et plus loin le Parthénius ; tous se précipitant d’un cours rapide vers la mer. Non loin de là est le Thermodon, qui descend du mont Armonius, et coule