Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/186

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jusqu’à la rive gauche du Bosphore de Thrace. Nous ferons remarquer qu’à la différence de l’arc en usage chez les autres nations, et qui a la forme d’une gaule, les deux côtés de celui des Scythes et des Parthes, réunis au milieu par une poignée droite et arrondie, décrivent chacun, à partir de ce point, une courbe aussi prononcée que la convexité du croissant de la lune, lorsqu’elle est sur son déclin.

(38) À partir de la jointure, au point où finissent les monts Riphées, habitent les Arimphes, peuple connu par sa justice et par son aménité. Les fleuves Chronius et Bisule arrosent cette contrée. Près de là sont les Massagètes, les Alains, les Sergètes, et d’autres peuples obscurs, dont les noms ni les mœurs ne nous sont bien connus.

(39) À quelque distance on trouve le golfe Carcinite, une rivière du même nom, puis un bois consacré à Hécate.

(40) On voit se dessiner ensuite le cours du Borysthène, qui, né dans les montagnes des Nerviens, puissant dès sa source, et grossi encore du concours de plusieurs rivières, se précipite dans le réservoir de l’Euxin. Sur ses rives boisées s’élèvent les villes de Borysthène et de Céphalonèse, et des autels consacrés a Alexandre le Grand et à César-Auguste.

(41) Plus loin est la péninsule habitée par la race infâme des Sindes, ces serviteurs infidèles qui, pendant que leurs maîtres portaient la guerre en Asie, s’emparèrent de leurs femmes et de leurs biens. La plage étroite qu’on rencontre ensuite a reçu des indigènes le nom de course d’Achille, le héros de Thessalie en ayant fait un stade pour se livrer à ce genre d’exercice. Dans le voisinage est Tyros, colonie de Phéniciens, baignée par le fleuve Tyros.

(42) Le centre de la convexité de l’arc, qu’un marcheur alerte peut franchir en quinze jours, est habité par les Alains d’Europe et les Costoboques, et, derrière ceux-ci, par d’innombrables tribus scythiques, répandues dans des espaces sans limites. Un petit nombre de ces peuples se nourrit de blé ; tout le reste erre indéfiniment dans de vastes et arides solitudes, que jamais n’ouvrit le soc et ne féconda la semence. Ils y vivent au milieu des frimas, à la façon des bêtes sauvages. Des chariots couverts d’écorce leur servent à transporter partout, au gré de leur fantaisie, habitation, mobilier et famille.

(43) La plage, quand on arrive à la dernière partie de la courbure, se couvre d’une multitude de ports. Là s’élève l’île de Peucé, demeure des Troglodytes et des Peuques, et de quelques autres petites peuplades. On y voit aussi Histros, ville jadis des plus puissantes, et Apollonie et Anchialos et Odissos ; sans parler d’une foule d’autres parsemées sur la côte de Thrace.

(44) Là le Danube, sorti des monts Rauraques, aux confins de la Rhétie, et grossi, dans son immense parcours, des eaux de plus de soixante rivières navigables, vient par sept bouches s’absorber dans la mer de Scythie.

(45) Voici les noms grecs donnés à ces embouchures : la première emprunte celui de Peucé, de l’île même ainsi appelée ; la seconde a nom Naracustoma ; la troisième, Calonstoma ; la quatrième, Pseudostoma ; viennent ensuite Borionstoma et Sthenostoma, bien moins considérables que les quatre autres ; la septième occupe